BEAU LIVRE
Brèves de Brel
L’idée est bonne: Bruno Brel évoque sous la forme de textes courts et très personnels son oncle, Jacques Brel. Chaque texte est illustré par un dessin du talentueux Jean-Marc Héran (Canard Enchaîné, L’Express, Pilote, etc.). Titulaire d’une belle plume, à la fois littéraire, souple et poétique, Bruno Brel ne s’adonne point ici à la énième biographie du Grand Jacques. Il va rechercher tout au fond de sa mémoire, les souvenirs de ses rencontres avec le chanteur, propos glanés au sein de la famille ou des cercles d’amis. L’anecdote devient précieuse, rare, émouvante. On ne s’ennuie pas dans ce livre agréable à lire, étonnant et, au final, très éclairant. Bravo, Bruno Brel et à Héran. Ph. L.
Chanson à la Plume et au Pinceau, Bruno Brel et Héran; préf. Yves Jamait; éd. Carpentier; 90 p.; 17,90 €.
ESSAI
Tête de Murat
On dit qu’il a la tête dure, qu’il sait ce qu’il veut, ce qu’il ne veut pas. Il provoque, s’amuse, engueule, sait ne pas être forcément gentil. Il se dit lui-même réactionnaire. (On est en droit de ne pas lui donner tort dans cette époque très étrange.) On s’en rendra compte en parcourant ses coups de tête; ces coups de gueule plutôt. Il tire sur tout ce qui bouge: le chanteur Renaud qu’il déteste, l’Éducation nationale, les chanteurs engagés, Thomas Dutronc… Jean-Bernard Hebey, son premier producteur, lâche quelques confidences douces-amères sur son ancien poulain. C’est souvent vache, souvent drôle. Un livre direct, sans concession qui laisse découvrir un autre visage de l’artiste Murat, capable de nous émouvoir aux larmes quand il évoque son Auvergne ou cette France provinciale qu’on aime. Ph. L.
Jean-Louis Murat, Coups de tête, Sébastien Bataille; préf. Dominique A; éd. Carpentier. 208 p.; 17,90 €.
POéSIE
Le beau dire de Murielle Compère-Demarcy
Elle nous avait donné à lire, il y a peu, le très beau recueil Coupure d’électricité, paru aux éditions du Port d’Attache. Murielle Compère-Demarcy est de retour avec ce petit livre joliment intitulé La falaise effritée du Dire. Livre composite, singulier, où quelques critiques éclairent l’œuvre poétique de cet excellent poète picard. Puis, on la retrouve avec ses textes, tissés d’une écriture originale, non conventionnelle, où les images fusent, subreptices, dans les cieux de l’inconscient. Où «La patte-crochet des passereaux pose une couronne de duvet sur les dents cariées/ de la muraille.» Murielle Compère-Demarcy joue avec les mots comme aux osselets; elle prend garde qu’ils soient toujours dans les airs, et jamais ne tombe sur le sol bitumé de la cour d’école des adultes résignés. Ph.L.
La Falaise effritée du Dire, Murielle Compère-Demarcy; illustrations Didier Mélique; éd. du petit Véhicule; coll. Chiendents; 39 p.; 4 €.