Beaucoup de spectacles pour la dernière chronique avant la rentrée de septembre. A la Maison de la culture, vu avec plaisir et non sans émotion la pièce Regarde les fils de l’Ulster marcher vers la Somme, de Frank McGuinness dans une mise en scène de Jeremy Herrin. Emotion, oui, car ce n’était rien d’autre qu’un hommage à nos amis alliés Irlandais qui sont venus se battre à nos côtés contre les hordes venues d’outre-Rhin. En effet, le 1er juillet 1916, la 36e division de l’Ulster prenait part à l’une des batailles les plus sanglantes de la Somme. L’absurdité de la guerre y apparaît. Le courage des hommes aussi. Emotion encore avec L’Effet aquatique, le dernier film de la talentueuse Solveig Anspach, décédé il y a un an à l’âge de 54 ans, projeté au Ciné Saint-Leu, à Amiens. Elle nous donne là un ultime film délicat, subtil, délicieux ; une comédie romantique en milieu aquatique. Tout se passe d’abord à la piscine de Montreuil, près de Paris, où Samir, grutier quadra, tombe éperdument amoureux d’Agathe, maître-nageuse. Afin de tenter de la conquérir, il décide de prendre avec elle, des cours de natation et lui fait croire qu’il ne sait pas nager. Elle découvre le mensonge, lui en veut terriblement. Alors, quand la jeune femme s’envole en Islande pour le dixième congrès international des maîtres-nageurs, il la suit… Samir Guesmi et Florence Loiret-Caille, rayonnent dans ces rôles d’amoureux fous. Toujours au Ciné Saint-Leu, j’ai beaucoup aimé Tout de suite maintenant, de Pascal Bonitzer avec une brochettes d’excellents comédiens : Agathe Bonitzer, Vincent Lacoste, Lambert Wilson, Isabelle Huppert, Jean-Pierre Bacri, etc. « Pour moi, l’esprit de notre temps, c’est ce que la finance appelle le principe TDSM (Tout De Suite Maintenant) d’où le titre – qui correspond à cette mainmise relativement récente de la finance sur le capitalisme d’entreprise », explique le réalisateur. Car, sous des dehors de romance entre Nora Sator (Agathe Bonitzer), trentenaire carriériste, douée, et son collègue Xavier (Vincent Lacoste), ce film est une descente en flamme d’une société ultralibérale écoeurante, d’un monde de l’entreprise impitoyable, jungle crade, détestable. On en ressort dégoûté de ce monde de la compétition à tout prix, de la rentabilité immédiate. Pour oublier ce monde de brutes, je me suis rendu au concert d’ouverture du Festival de Saint-Riquier. Le Concert spirituel, placé sous la direction d’Hervé Niquet, donnait Gloria et Magnificat, de Vivaldi, et Messe Ad Majorem Dei Gloriam, du fascinant André Campra. Impressionnant de puissance, de jubilation et de délicatesse dans la fraîche abbaye. Et quel bonheur aussi de prendre un verre à la terrasse du Café de l’Abbaye, sur l’une des places les plus françaises et plus sixties de France. A tout moment, on a l’impression de voir débouler Vadim (le Campra des sixties) au bras d’une de ses starlettes en robe de vichy. Rêve des Trente glorieuses.