Nos yeux sur son tulle

C’était en novembre 2005. Il faisait frisquet, humide à Amiens. Je venais d’arrêter de boire et traînais une douce saudade dans les rues de la capitale picarde en compagnie de mon copain Vanfi (qui deviendra le guitariste et chanteur des Scopytones). Nous atterrîmes au Lucullus, rue de la République, à Amiens, le bar le plus rock et le plus open de la cité. Sur scène, il y avait une longue fille, belle, à l’allure birkinienne, porteuse d’un jean qui lui allait comme le loup sur le visage de Marie-Antoinette lorsque Monsieur Axel de Fersen  la convoita. Elle avait recouvert son jean de tulle. C’était Lou-Mary. Et cette voix, un filet, fragile, adorable. Une présence; une aura. A la fin de son show, je fonçai vers elle et lui proposai de lui écrire une chanson. Elle me toisa. Hésita. Accepta. La nuit, vers 4 heures du matin, sous ma couette (la grosse rouge) de mon appartement de Port d’Amont, à Amiens, je lui écrivis « Tes yeux sur mon tulle », la lui envoyai, et l’invitai chez moi à écouter quelques disques amis. Elle grava la chanson sur l’album qu’elle s’apprêtait à sortir. Ainsi débuta notre histoire. Elle dura six ans.

L’autre jour, à l’anniversaire de Nasser, on nous prit en photo, Lou, Nasser et moi, au bar du Lucullus. Nasser qui, dans ma chanson, danse avec Lou qu’alors, il convoitait discrètement et avec élégance.(Nous aimions, Nasser et moi, laisser traîner nos yeux sur son tulle.)

Anniversaire de Nasser, du Lucullus. De g. à droite : Nasser, Lou-Mary, et votre serviteur. Jeudi 20 décembre 2012

Je vous embrasse, Lou, Nasser et Christian, metteur en scène, nouveau compagnon de la Longue Liane (qui a pris son envol de petite hirondelle vers Paris). La vie continue et elle n’est pas si mal que ça.

Ph.L.