Avec «Poupe», roman délicat et très émouvant, François Cérésa rend hommage à son père, décédé récemment.
Quel beau livre! Les romans les plus touchants, les plus justes, sont certainement ceux dans lesquels on lâche prise, on s’abandonne. C’est ce que vient de faire François Cérésa avec Poupe; il y rend un sublime hommage à son père, décédé il y a peu. D’origine italienne, Poupe était une manière de héros, à la fois dur et doux, terriblement protecteur, amateur de belles voitures, de parties de tennis avec son fils François. Ce dernier ne supporte pas le décès de l’être qu’il a aimé le plus monde. C’est ce qu’il nous raconte, la plume nouée tantôt par l’émotion, tantôt par la colère, la révolte. Apparaissent les amis de Poupe, ceux de toujours: Jean Daniel, directeur de la rédaction du Nouvel Observateur, les écrivains Louis Nucera et Alphonse Boudard.
François Cérésa rêve de son père; il est en pleine forme. Il s’étonne, lui dit qu’il est mort. Poupe répond: «Oui, mais je suis avec toi. Comme à l’île de Ré.» «Et je te prenais dans mes bras» poursuit l’auteur. «Je me suis réveillé en sursaut. Et si c’était vrai? À Mailly, on jouait deux fois par jour. Tu travaillais à tes constructions la journée, et tu trouvais encore la force de taper dans la balle avec ton fils en fin d’après-midi. Tu as tenu bon la rampe jusqu’à soixante-dix ans. Jusqu’à cet âge, tu n’as jamais eu de problèmes de santé. C’était la plénitude. Je ne connaissais pas ma chance.»
Il se souvient aussi du parfum de Poupe, Moustache, cette eau de Cologne de Rochas «que je t’ai toujours connu, avant Élite de Floris. Quand tu sortais le soir et que tu venais m’embrasser, je m’imprégnais de cette odeur. Aujourd’hui encore, je mets Moustache. Ce n’est plus fabriqué, mais on en trouve sur Internet. Moustache ne me quitte plus. Même si je dois encore regretter, sangloter, évoquer, ce parfum hespéridé et citronné sera le mien jusqu’à ma dernière fragrance. Je t’embrasse, papa.» Un livre remarquable et terriblement émouvant.
Un roman historique
François Cérésa sort également un roman historique d’excellente tenue, Mariage républicain.
Il s’agit du deuxième volet de sa nouvelle trilogie; ce livre fait suite au Lys Blanc, paru, à l’Archipel en 2015. On y suit les pérégrinations de Marie, abusée par un comte; elle devient une jacobine passionnée. L’enfant du viol, prénommé Maximilien, est enlevé par le Lys blanc, un terrible bandit qui combat dans les rangs de la contre-révolution… Un roman de cape et d’épée plein de rebondissements, d’aventures picaresques. Dumas et Cérésa: même combat!
PHILIPPE LACOCHE
Poupe, François Cérésa, éd. du Rocher; 275 p.; 18,90€.
Mariage républicain, François Cérésa, L’Archipel; 319 p.; 20 €.