« Chacun fait, fait, fait, Ce qu’il lui plaît, plaît, plaît… »

Frédéric Beigbeder à la terrasse ensoleillée du cercle La Société, place Saint-Germain. Il me parle du lancement du retour du magazine Lui. Suis en compagnie de mon copain Cyril Montana qui, lui aussi, découvre la revue. Entretien.

Pourquoi « Lui »? On est venu vous chercher?

J’étais à l’hôtel Montana, en compagnie de Jean-Yves Le Fur, l’homme qui racheté cet établissement. Il devait être 2 heures et demi du matin; il m’a dit : « Lui est à vendre! ». Là-dessus. Le titre « Lui » est à vendre, insiste-t-il. Je reprends un verre. On se dit : « On ne va laisser passer une chose pareille. On pourrait être les patrons de Lui. » Quand on te propose des choses comme ça, on ne peut pas dire non. Mais je ne savais pas que ce serait autant de travail depuis avril et jusqu’à maintenant. Et je n’aime pas le travail. Et fondamentalement je pense que c’est une fausse valeur, et qu’on sous-estime l’honneur qu’est le chômage. C’est vrai, on culpabilise les chômeurs comme si c’était horrible d’être au chômage; moi, je suis un gros paresseux. Là, Lui, c’était trop marrant, trop séduisant. Pouvoir faire écrire des écrivains que j’aime : Liberati, Nicolas Rey, Patrick Besson, Arnaud Viviant, Gaspard Proust, etc.

Je me souviens des filles magnifiquement dessinées dans la première version de Lui. Est-ce que ça va continuer?

Bien sûr, mais c’est compliqué de trouver de nouveaux dessinateurs. J’étais très heureux d’avoir pu convaincre Voutch, que j’adore; il y a Louise Bourgoin qui a fait un dessin assez amusant. Il y a un jeune homme qui s’appelle Jonathan Bey qui est un peu notre nouvel Aslan.

Vous avez gardé le côté littéraire.

Oui; à l’époque, c’était Jacques Lanzmann qui avait monté la rédaction. Il y avait des analyses et des entretiens; Truffaut faisait le cinéma.

Vous allez donc préserver cet esprit éditorial?

Oui, bien sûr; c’est une revue entrecoupée de photos de filles nues. Le plaisir et l’esprit. Un certain esprit français. Une défense d’une civilisation menacée (si on emploie des grands mots). Je l’ai dit : il est hors de question qu’il y ait la moindre homophobie chez nous mais on interdit aussi l’hétérophobie. Il est temps d’être fier de notre sexualité quelque quelle soit.

Cyril Montana, écrivain, découvre Lui à la terrasse du Rouquet, boulevard Saint-Germain, où nous avons fait une petite pause.

On couche avec qui on veut; on fait ce qu’on veut. Chacun fait, fait, fait… ce qui lui plaît, plaît, plaît…

Propos recueillis par

Philippe LACOCHE