Besson, mine de rien

Patrick Besson signe un petit livre attachant par sa fraîcheur.

 Dans la veine de « 28, boulevard Aristide-Briand », Le Jour intimes, court recueils de récits, nous permet d’apercevoir, entre les lignes, un Besson plus tendre.

     En 2001, Patrick Besson publiait l’un de ses meilleurs livres chez Bartillat: 28, boulevard Aristide-Briand. Un texte tendre, très intime, dans lequel, avec élégance, il évoquait son enfance à Montreuil, en banlieue parisienne, dans l’habitation parentale située au 28, boulevard Aristide-Briand. L’écrivain-bretteur se confiait, racontait et se souvenait. C’était doux, émouvant. Très réussi. Il revient aujourd’hui, chez le même éditeur, avec Les Jours intimes, un texte de la même facture. Des textes plutôt, de courts récits, nouvelles, commentaires, confidences qui parlent, une fois encore, de l’enfance, mais aussi de la famille et de l’amour. «Patrick Besson a rassemblé dans ce volume des textes importants qui lui tiennent à cœur et dévoilent un aspect méconnu de sa personnalité», souligne l’éditeur dans le prière d’insérer. Il a la bonne idée de nous redonner à lire le succulent Vacances en Botnie, initialement publié dans l’adorable petite collection Nouvelles, du Rocher. Ce texte est un pur bonheur d’humour, de précision, de sincérité. Besson, en quelques dizaines de feuillets, décrit la Suède telle qu’il la voit, telle qu’il la sent. Il eût pu être un grand journaliste s’il n’avait été écrivain. Mine de rien, Vacances en Botnie est un remarquable et très analytique texte sur la Suède. Mine de rien; c’est souvent «mine de rien» avec Patrick Besson lui qui, auteur aujourd’hui d’une centaine d’opus, en a usé des mines. Mine de rien; c’est ce qui fait son charme au Besson. Cette légèreté grave qui a l’élégance de nous faire croire, à nous lecteurs, que c’est facile d’écrire. Alors que c’est si difficile.

    Et puis, il y a « De l’amour », page 79, sublime déclaration à une femme aimée. On y retrouve Besson, titulaire de ce talent rare: posséder le sens de la formule qui fait sens: «Tu es un bulldozer sentimental. Je vais avoir beaucoup de mal à me passer de toi. Nous allons être atrocement heureux.».

    Enfin, page 91, on retrouvera avec plaisir Souvenir d’Ana Ivanovic, nouvelle qu’il avait écrite, en 2011, pour le Courrier picard.

PHILIPPE LACOCHE

«Les Jours intimes», Patrick Besson, Bartillat, 142 p., 13,90 euros

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