Les 3 vies du marquis

 

Le jolie Gaëlle Martin : son visage prend bien la lumière.  Elle se trouve ici devant ses oeuvres.

Le jolie Gaëlle Martin : son visage prend bien la lumière. Elle se trouve ici devant ses oeuvres.

Je sors mon appareil. Le visage de Gaëlle Martin prend bien la lumière, comme un paysage du Connemara, du côté de Galway. Lumière automnale. Au-dessus de sa magnifique chevelure rousse : quelques-uns de ses dessins. Nous sommes à la librairie Page d’Encre, à Amiens, un jour d’avril, sur Terre. Gaëlle y expose une vingtaine de dessins jusqu’au 7 mai. Le thème ? « Du bleu et des plumes ». Elle y mêle souvent aquarelle, crayons de couleur et, parfois, plumes et encres. Curieux comme je suis, tu me connais lectrice adorée et courtisée, je lui ai demandé pourquoi ce thème ? « Plumes pour écrire, plumes des oiseaux et il y a beaucoup de bleu même si c’est le rouge ma couleur préférée. (N.A.M.L.A. : il me démangeait de lui dire que c’est aussi la mienne, mais je n’ai pas envie qu’on me reproche de faire de la propagande d’autant que notre social-démocrate de président vient de balancer un scud à l’endroit du PCF des seventies ; sachez, mon bon président, que mon premier vote, je le fis à Tergnier, ville cheminote et rouge, et que je votais, of course, PC, comme les copains, comme les vieux résistants ; que voulez-vous, mon président, des socialistes libéraux comme des bourgeois, il y en avait peu dans ma petite ville ; on fait ce qu’on peut, mon président. Après ça, si je ne me bloque pas un redressement fiscal, je n’y comprends plus rien !) Mais le bleu se prête bien à l’aquarelle. » Je les aime bien les dessins des Gaëlle ; ils ont un côté faussement enfantin ravissant. Gaëlle est autodidacte mais elle avoue, non sans franchise, que Damien Cuvillier, le bédéiste et aquarelliste, l’a beaucoup conseillée. « C’est un génie ! » lance-t-elle, en agitant sa jolie crinière de presque Irlandaise. Autre exposition qui ne m’a pas laissé insensible : celle d’Alicia André, au Café, chez Pierre (jusqu’au 30 avril). Vingt et une œuvres accrochées aux murs de l’un de mes bistrots préférés. Des caricatures qu’elle nomme joliment « des déformations ». C’est réussi, original. « J’avais envie d’imposer le numérique ; ça reste difficile à aborder pour le public. » Il s’agissait de la première exposition de cette ancienne élève de l’ESAD. Prometteur. Quelques jours plus tard, je me suis rendu au ciné Saint-Leu pour y assister à la projection de l’excellent film Les 3 vies du chevalier, de Dominique Dattola. Ce dernier, grâce à une enquête longue et scrupuleuse, éclaire sur l’évolution de la liberté en France, en s’appuyant sur l’affaire du chevalier de La Barre, supplicié et brûlé sur la place publique dans la bonne et très pieuse ville d’Abbeville. Le jeune homme, une manière de punk aristo (un lointain cousin), coureur de jupons (pardi !) et bon picoleur (oh !) perdit la vie pour ne pas s’être découvert au passage d’une procession. Derrière tout ça : la vengeance d’un procureur mauvais comme une teigne que la tante de La Barre, une jolie abbesse éclairée, fan de Voltaire, avait éconduit. Très belles musiques de Franck Agier et Gérard Cohen Tannugi, interprétées par l’orchestre de Picardie.

                                                      Dimanche 26 avril 2015