Un nouveau Monsieur Roux

L’excellent groupe de Rennes, emmené par Erwan Roux, propose un nouvel album frais et vif, tissé de chansons réjouissantes. Entretien.

Vos influences semblent multipes (bossa, folk, pop, soft rock, etc.) Quelles sont celles qui vous tiennent le plus à coeur?

J`écoute énormément de musique en tout genre. Grâce a internet, nous avons quasiment accès a l’ensemble du patrimoine mondial musical. Sans avoir à passer par le filtre fatalement commercial d’un médias. J´ai pu découvrir des groupes brésiliens qui font de la pop influencé par des groupes new-yorkais eux-mêmes influencés par des groupes ghanéens. La boucle est bouclée. La musique voyage et j´en profite. Il n´y en a pas un qui me tient plus a coeur. Ca dépend des moment. Dans cet album, en tout cas, j´ai essayé de ne me donner aucune limite et d´aller là ou j´avais envie.

Ce disque sonne vraiment bien. Comment a-t-il été réalisé? Et dans quelles conditions?

Merci. J´ai enregistré ce disque chez Romuald Gablin à Laval. Le réalisateur du premier album. Je venais avec ma chanson. Je la jouais comme je l´entendais. Après les musiciens avec qui je joue sur scène venaient en studio, découvraient la chanson et jouaient les choses comme ils les sentaient. Ensuite avec Romuald, nous utilisions cette matière, la transformions et l’assemblions comme bon nous semblait. L´idée était de ne s´imposer aucune limite de goût ou de principe sur la façon de faire. Et mon idée à moi était de ne faire aucune concession sur la façon dont j´entendais le morceau. Ensuite, cela a été mixé par JB Bruhnes. Un gars qui a bossé avec Bertrand Belin et qui a amené un côté plus organique et plus chaud au son.

Les textes sont soignés. Vous viennent-ils facilement? Est-ce une torture?

Ca dépend. Il y en a qui restent en stand by assez longtemps. Globalement, j´écris assez souvent sans m´imposer de finir la chanson. Ca prend le temps que ça prend. Des fois, une chanson est un mix de plusieurs textes. Parfois, je veux parler de quelque chose et le texte m´échappe et finit autrement. Mais je suis assez rétif à l´idée de me torturer pour ça. J´ai parfois utilisé des techniques comme l´écriture automatique sur  »La chanson du chameau ».Que j´ai ensuite remodelée.Ou alors, sur « Ton postiche te lâche », j’ai commencé à faire une espèce de yaourt brésilien pour en faire ensuite un texte en français.

Peut-on parler, parfois, d’une manière d’engagement de votre part?

Il y a moins de textes engagés que par le passé sur cet album. Car finalement, je crois que si j´ai un seul engagement, il est déjà dans le choix de vie que j´ai fait et donc dans mes actes au quotidien et les valeurs que je mets derrière ces actes. La question que je me pose toujours est : «  Peut-on être un révolutionnaire et travailler à La Poste ? »

Où vous situez-vous sur l’échiquier de la chanson française actuelle?

Je ne me pose pas trop cette question. Je ne sais pas vraiment. Disons que sur l´échiquier humain, je me situe au milieu d’une humanité voyageuse, curieuse, métissée, rieuse et frondeuse. Et que musicalement, je m´inscris dans une tradition de chanson française de même nature comme l´ont fait des gens comme Nougaro, Pierre Barouh ou Brigitte Fontaine…. Pour citer les ancêtres… Et plus récemment,

L'excellent groupe Monsieur Roux, emmené par Erwan Roux qui a répondu à nos questions.

ou Pauline Croze… Sinon, j´entreprends actuellement un travail de réhabilitation du travail de France Gall et Michel Berger. A part ça, je suis secrètement amoureux de Camélia Jordana. Mais ne le dîtes pas à ma femme…

Propos recueillis par PHILIPPE LACOCHE

* Monsieur Roux-   » L’illégalité joyeuse ».  Yapucca Productions. L’Autre distribution.

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