Les montagnes russes de la vie

 

Un premier livre, ce n’est pas rien. Nouvelliste du Courrier picard, Patrick Poitevin-Duquesne vient de sortir un recueil de nouvelles, Réveils difficiles, aux éditions Le Petit Véhicule (20, Rue du Coudray, 44300 Nantes; tél. 0240521494; http://editionsdupetitvehicule.blogspot.fr/) dans la collection, Chiendents. Il était heureux, Patrick, l’autre soir, à l’occasion de la présentation et de signature de son ouvrage, à la librairie du Labyrinthe, dans le quartier Saint-Leu, à Amiens. Il y avait du monde, du jus de fruits et du vin rouge. Philippe Leleu, le maître des lieux, avait convié copines et copains. Patrick en avait fait de même. La chanteuse et comédienne Lou-Mary lut une nouvelle du recueil, «Un matin comme les autres».

De gauche à droite : Lou-mary, Marine, Féline et Patrick Poitevin-Duquesne, un soir de juin, sur terre, à la librairie du Labyrinthe, à Amiens.

Elle était bien mignonne avec ses boucles d’oreilles prolongées de plumes colorées (des manières d’amulettes à l’image de celles que j’avais offertes, il y a des lustres, à une adorable poulette brune de dix-neuf ans, aux jambes interminables et aux yeux noirs comme une toile de Pierre Soulages, des yeux piquetés d’éclats d’orangé de Mars).Je ne pus m’empêcher de tirer sur ses boucles d’oreilles. Elle me gronda gentiment comme elle me grondait quand nous partagions encore notre maison de l’avenue Louis-Blanc. C’est loin tout ça. À dire vrai, je n’étais guère dépaysé. Au côté de Patrick: les jolies Féline et Marine, dont les rires joyeux et latins résonnaient contre les livres qui, eux aussi, se mirent à sourire sur les étagères. Roger Nimier fit un clin d’œil à Féline. Antoine Blondin proposa d’entraîner Marine boire un verre au Couleur Café. L’ambiance était douce et belle, comme l’eau moirée de la Somme, toute proche qui filait vers Abbeville. Des souvenirs remontaient bien sûr. Mes premiers livres que j’ai dédicacés au Labyrinthe, il y a longtemps. J’habitais Abbeville, justement. Le comédien Gauthier Desbureaux me tira de mes rêveries; il se mit à lire l’émouvante nouvelle «Les Primevères».Je me demandais ce qui faisait la qualité d’un écrivain. Son style? Son ton? Son écriture? Un peu tout ça certainement. Mais surtout, c’est son univers qui fait la différence. Patrick Poitevin-Duquesne, en possède un, d’univers, fait de folie douce, de fantastique, de douleurs et de joies. Les montagnes russes de la vie. Lisez-le; c’est un écrivain.

Dimanche 9 juin 2013