L’Antidote à l’ennui avant la nuit : une soirée avec Lou-Mary

Gérard, de l'Antidote, et Anne, la gérante.

Il faisait doux ce vendredi soir-là, oui doux, lectrice exquisément dubitative (le doux accroche à ta bouche gourmande et sensuelle une moue de la lolita que tu fus, figure de proue de mon désir animal; tout ça pour dire, époux agacé, amant jaloux, puceau concupiscent qu’il arrive qu’il fasse doux au sein - doux - de notre Picardie). Oui, disais-je, il faisait affreusement doux. Lou-Mary, telle une pouliche agacée par les taons et un printemps lointain, voulait sortir à tout prix. Je la regardais; elle était excitante, peu vêtue sous son trench sixties que je lui avais acheté, un dimanche après-midi d’août, sur la braderie du quartier Saint-Pierre. J’acquiesçais, le regard dur mais le cœur et le corps en émoi. Nous nous rendîmes comme un seul homme (pardon Lou, ma grande didiche!) à l’Antidote, l’ex-Gavoile, l’ex-Les Coulisses, bar situé à la Maison de la culture d’Amiens, à l’invitation de l’épatant et élégant Gérard. Ce dernier fêtait les 31 ans d’Anne, la sympathique gérante de l’établissement. Un Dj diffusait de la musique de jeunes. Gérard me raconta que le bistrot ouvrait tous les jours - sauf de le dimanche - de 11h30 à une heure du matin, qu’un snaking chic (grosse tartine et boisson comprise) était proposé contre 7 euros, et que la clientèle, comme Tintin, mon idole, allait de 7 à 77 ans. « Des concerts de jazz, de blues et de rock sont prévus », dit-il avant que nous constatassions qu’un jeune homme, client habituel de l’établissement, était en train d’embarquer Lou dans sa voiture. Sur le point de lui fracasser la tête, le Gérard et moi-même, nous nous arrêtâmes net lorsqu’il nous fit savoir qu’il voulait seulement lui faire écouter les démos de son futur album sur l’autoradio de son automobile stationnée devant l’Antidote. Nous pûmes les surveiller de notre table. Je fus même invité à écouter les quatre derniers morceaux. Je ne l’ai pas regretté, assis sur la cuisse gauche de ma longue liane. L’homme - qui souhaite garder l’anonymat - a composé des chansons rock adorables, aux paroles dignes de Boris Vian. L’Herbe rouge, mon herbe marxiste préférée.

Dimanche 25 septembre 2011 (parution dans le Courrier picard).

Avec le recul,  la référence à boris vian n’était pas judicieuse du tout. Mes excuses à toutes mes lectrices.

Share